Les 5 livres à lire sur le wokisme

Vous avez peut-être vu passer des titres comme Le capitalisme woke, Anatomie du wokisme ou, si vous suivez la politique anglo-saxonne, La grande déraison de Douglas Murray : ces ouvrages et d’autres encore valent le détour si vous voulez avoir un panorama du wokisme, aussi bien de son idéologie que de ses manifestations concrètes. Vous verrez également que le néo-féminisme, l’antiracisme sauce BLM ou les dérives LGBTQIA+ sont de moins en moins étrangères à notre côté de l’Atlantique… raison de plus pour mieux les cerner.

#1 LE CAPITALISME WOKE, Quand l’entreprise dit le bien et le mal

Anne de Guigné

Journaliste pour Le Figaro, spécialisée dans la politique économique, Anne de Guigné publie un essai sur le “capitalisme woke” en 2022 aux Éditions La Cité.

Grâce à une multitude d’exemples – chez Lufthansa, Disney, Décathlon ou encore Louboutin – Anne de Guigné met en lumière les pressions morales exercées sur les entreprises et la manière dont elles sont amenées à assumer une responsabilité croissante dans nos sociétés occidentales.

Même si les entreprises semblent avoir toujours été des entités éminemment politiques, l’auteure identifie ici ce qui différencie le capitalisme woke de ses prédécesseurs, notamment à travers l’affaissement du rôle de l’État.

Ce dernier, déchu de son rôle de “pourvoyeur du bien commun”, laisse les rênes aux entreprises qui sont priées de définir la limite entre le bien et le mal, entre ce qu’il est bon d’apprécier et ce qu’il convient de condamner.

Intimidées par les décrets de la culture woke – qui porte une attention particulière aux questions identitaires – les entreprises privées tentent alors d’embrasser tous les combats de l’époque et de s’engager, comme le dit son auteure, “dans la grande marche vers le bien”.

#2 WOKE CAPITALISM, How corporate morality is sabotaging democracy

Carl Rhodes

Fort de nombreux exemples de wokisme dont ces dix dernières années regorgent, Carl Rhodes, chercheur à l’Université de Technologie de Sydney (Australie), dégage deux perspectives dominantes du “capitalisme woke”. D’une part, ses détracteurs qui alertent sur la menace que représente le wokisme en détournant le capitalisme de ses fonctions commerciales essentielles ; d’autre part, ses partisans affirmant que les entreprises peuvent et doivent apporter leur contribution aux questions sociétales urgentes.

Rhodes apporte quant à lui une troisième perspective en dénonçant le wokisme, non pas d’écarter le capitalisme de son axe, mais bien plutôt de légitimer le capitalisme et d’étendre démesurément son pouvoir.

L’auteur retrace dans cet essai l’histoire de la responsabilité sociale d’entreprise, du fordisme social à la “woke company” pour finir par dénoncer la déformation inévitable de ces sujets de société et des solutions apportées par le prisme de la recherche du profit.

Rhodes invite alors ses lecteurs à devenir à leur tour “woke to woke capitalism”, soit “éveillés à ce capitalisme éveillé”

#3 LIBERTÉ D’INEXPRESSION, Nouvelles formes de la censure contemporaine

Anne-Sophie Chazaud

Dans un essai concis, paru en 2020, nourri par la philosophie et l’actualité, Anne-Sophie Chazaud s’intéresse à l’état actuel de la liberté d’expression. Et le diagnostic n’est pas réjouissant : même si l’ouvrage paraît avant que le terme de “wokisme” soit popularisé par Pierre Valentin, le constat général sur l’état de la pensée en France à l’époque n’est pas plus radieux.

Notre rapport à la liberté est traumatisé par les guerres, les totalitarismes passés et le terrorisme actuel, notre rapport à la vérité est perturbé par l’information en continu, la morale relativiste et les batailles entre fakenews et factcheck ; et sur le plan politique, de nouveaux militantismes refusent le débat et la remise en question. On en arrive finalement à se restreindre nous-mêmes, et à restreindre les autres dans le débat public et privé, suspendus à une peur du jugement, parfois à une peur de sanctions institutionnelles.

Pour sauver la démocratie, il faut sauver le débat, et même le conflit, aussi inconfortable cela puisse-t-il être.

#4 COMPRENDRE LA RÉVOLUTION WOKE

Pierre Valentin

Pierre Valentin s’est fait connaître avec sa note d’analyse pour le think thank Fondapol, publiée en 2021 en deux parties (en accès libre ici et ici), et qui a introduit le terme de “wokisme” dans le débat public. Il y proposait une définition de l’esprit “woke”, en tant que catégorie d’analyse puisque peu de gens s’en revendiquent directement :

“Le wokisme est une idéologie qui perçoit les sociétés occidentales comme étant fondamentalement régies par des structures de pouvoir, des hiérarchies d’oppression, des systèmes de discrimination (souvent invisibles et/ou logés dans les discours dominants) qui ont pour but (ou en tout cas qui ont pour conséquence) « d’inférioriser » l’Autre, c’est-à-dire la figure de la minorité sous toutes ses formes (ethnique, sexuelle, religieuse) au profit du dominant, c’est-à-dire (selon le schéma intersectionnel) le blanc, hétérosexuel, mâle, cisgenre, valide, riche etc. Le woke est celui qui a conscience de cet état de fait et qui a pour but dans sa vie de conscientiser, « d’éveiller » les autres.”

Avec Comprendre la révolution woke, Pierre Valentin poursuit son travail, non plus en décrivant l’état et le fonctionnement du wokisme aujourd’hui mais en retraçant brillamment sa généalogie intellectuelle, ses sources, jusqu’au XIXe siècle. Il apporte une réponse à la question que l’on pourrait se poser, un peu désespérés parfois : Comment en est-on arrivés là ?

#5 LA GRANDE DÉRAISON, Race, genre, identité

Douglas Murray

Dans son best-seller qui est outre-Manche ce qu’Anatomie du wokisme de P. Valentin a été pour nous en termes d’état des lieux et d’analyse, l’écrivain et journaliste britannique Douglas Murray alerte sur les mécanismes, raisonnements et croyances adoptées par une nouvelle forme de progressisme. De façon rationnelle et documentée, l’ouvrage étudie habilement les idéologies du wokisme, de l’intersectionnalité à la cancel culture, pour faire apparaître leurs contradictions.

“S’il serait ridicule de supposer que la sexualité et la couleur de peau ne signifient rien {…} partir du principe qu’elles signifient tout nous sera fatal.”

Douglas Murray
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