Tu seras woke mon fils

Plus qu’une idéologie unifiée, le “wokisme” est une dynamique sociétale née dans le monde universitaire et militant et répandue dans les médias, institutions et entreprises. On désigne par ce terme un prisme récurrent de réduction du monde à un prisme oppresseur/oppressé. Ce prisme pousse à l’extrémisme des luttes politiques respectables : les droits des femmes deviennent du néo-féminisme, les droits LGBT ceux des LGBTQIA+, l’antiracisme un communautarisme. Le refus du débat par ses partisans fait du wokisme une menace pour les libertés individuelles.

Le wokisme, qu’est-ce que c’est ?

Le wokisme est une mouvance sociétale qui fait converger différentes luttes (anti-racisme, droits LGBT, néo-féminisme, communautarisme…), selon un même schéma intellectuel. Celui-ci consiste à réduire les individus au statut de victime ou d’oppresseur en fonction de leur couleur de peau, leur culture, leur genre ou encore leur religion. 
Né des luttes sociales et issu des campus américains, le mouvement woke a connu une fulgurante diffusion dans le débat public ces dix dernières années. Au-delà de ses excès médiatiques et des fantasmes qu’il suscite, il progresse dans l’influence du débat intellectuel et public, notamment en France.

Quelques dérives

Si les enquêtes telles que celle de l’IFOP pour l’Express (février 2021) révèlent qu’une grande majorité de Français ignorent le terme “woke” et sont incapables d’en donner une définition, les cas se multiplient où les institutions reprennent à leur compte ses concepts idéologiques.
En 2018, le Président de la République rejetait un rapport Borloo pour les quartiers en difficulté au prétexte que “deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers” n’étaient pas légitimes pour proposer des solutions.

En février 2022, un collectif anonyme “Pas avec ma redevance” alertait sur le biais idéologique d’une chaîne publique – France TV Slash – faisant la promotion sans nuance ni arguments contradictoires d’une vision woke de la sexualité, du genre, de l’antiracisme extrémiste auprès d’un jeune public, jusqu’à appeler au don à des associations militantes telles que le Comité Adama.

S’il est aisé de compatir aux causes de minorités soutenues par le “wokisme”, il ne faut pas oublier que, dans une démocratie fonctionnelle, le débat est et doit être omniprésent. Pourtant, la vision communautariste, partiale et culpabilisante qu’impose cette idéologie ne tolère pas la remise en question. Et ses manifestations le prouvent.

Être woke ou ne pas être

L’esprit général, au niveau des grandes entreprises et des médias nationaux est plus souvent acquis aux considérations « woke » qu’il n’en questionne les intentions.

Cette adhésion, consciente ou non, s’illustre notamment par les discours tenus par des figures d’autorité qui déforment les termes du débat et acceptent mal qu’on les conteste.

C’est l’essence même de cette idéologie : la nécessité du débat n’est plus évidente pour ces militants qui décident de précéder la justice, pour ces collectifs de luttes intersectionnels et ces néo-féministes qui assument la “post-vérité” – définie par le dictionnaire d’Oxford comme “des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles”.

Vers une dictature de la pensée

Prendre conscience que l’éveil woke masque bien souvent une dictature de la minorité et un recul des libertés individuelles, d’opinion et d’expression, est une nécessité.

Tandis que le mot « wokisme » semble plus souvent utilisé péjorativement – alors que l’existence du phénomène est souvent niée par ses adeptes – il est inquiétant de le voir introduire son vocabulaire et ses logiciels de pensée dans les cercles institutionnels comme l’enseignement, les services publics, les entreprises, les médias et parfois le monde politique.

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